mercredi 21 janvier 2015

Le rôle des aînés métis




PAR GEORGE ET TERRY GOULET1, HISTORIENS (HIVER 2014)
George et Terry Goulet © bcmetis.com


FÉDÉRATION DES MÉTIS DE COLOMBIE-BRITANNIQUE
(TRADUIT DE L'ANGLAIS ET ANNOTÉ PAR ISMÈNE TOUSSAINT)

Les Métis, avec leur double héritage ancestral autochtone et européen, forment un peuple unique dans le monde. Ses événements mémorables et ses nombreuses personnalités ont tous contribué d'une manière significative à l'histoire du Canada. Les aînés métis peuvent jouer un rôle important en alimentant et en diffusant la fabuleuse histoire des Métis, de leur culture distincte, de leurs coutumes et de leurs traditions, auprès de leur propre famille, de leur communauté ou du grand public.

Habituellement, on considère comme étant un aîné métis un homme ou une femme qui a dépassé les 55 ans. Toutefois, l'âge en lui-même ne fait pas systématiquement de lui ou d'elle une personne informée avec précision. Par conséquent, il est essentiel que les aînés qui entreprennent de transmettre l'histoire, le patrimoine, la culture et les coutumes métis, aient des connaissances minutieuses dans ces domaines. Pour être efficaces dans leur rôle, ils doivent avoir une bonne compréhension la culture métisse, être engagés dans des activités métisses et partager leurs expériences avec d'autres Métis.

L'histoire, la culture et le patrimoine fascinants des Métis et de leurs symboles sont les composants essentiels de leur identité. Tout en ayant hérité certains traits culturels et autres des ethnies auxquelles appartenaient leurs ancêtres, les Métis ont développé leurs propres caractéristiques en tant que peuple : ils ne sont pas des Premières Nations et ils ne sont pas des Européens ; ils sont le résultat particulier de ce mélange ancestral et ont leur propre identité collective indigène.

Il a fallu un certain nombre de générations pour que les enfants de la traite des fourrures évoluent en une Nation métisse ayant ses propres traditions, symboles et valeurs. La forte prise de position des Métis en faveur du respect des droits humains de base, durant les résistances de la rivière Rouge (1869-1870) et du Nord-Ouest (1885), a mené collectivement à une démocratie représentative dans l'Ouest, ainsi qu'à l'entrée du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta dans la Confédération2.
L'exécution injuste  du grand leader métis Louis Riel fut l'un des facteurs qui aboutit à la dispersion des Métis après leur défaite à la bataille de Batoche en 1885. Durant la période sombre qui suivit ces événements historiques, quelques petits groupes de Métis, dans diverses communautés, et un organisme de langue française et michif à Saint-Boniface (Manitoba) conservèrent vivantes l'histoire et la culture du peuple métis. Ce dernier, l'Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, fut formé en 1887, il y a 125 ans, et continue de s'épanouir aujourd'hui3. Parmi ses quinze fondateurs, on compta Joseph Riel, le frère de Loui s Riel, et Pierre Delorme4, l'arrière-grand-père de George Goulet.

La crainte d'être discriminés conduisit de nombreux Métis à cacher leur identité durant de longues années. Beaucoup d'entre eux furent assimilés dans des communautés blanches ou Premières Nations. Jusque dans les années 1960 environ, il n'y eut pas de mouvements de langue anglaise suffisamment forts pour raviver l'histoire et relever l'estime de soi des Métis5. Le climat favorable à une renaissance apparut en 1982, lorsque les Métis furent inclus dans la section 35 de la Constitution du Canada, lors du rapatriement de cette dernière, en tant que peuple ayant des « droits autochtones ». Par conséquent, nombre de ceux qui avaient caché leur identité quittèrent les ténèbres pour entrer dans la lumière de la reconnaissance de leurs véritables patrimoine et ethnicité métis.

La culture, les coutumes et les traditions des Métis sont uniques et devraient  être autant que possible  présentées et jouées sur scène  selon un point de vue métis. Les coutumes et la culture des Premières Nations et des Européens ne sont pas métisses. En certaines occasions, des Métis ayant grandi sans connaître leur héritage ancestral ont présenté des pratiques Premières Nations lors de rencontres métisses, sans spécifier qu'elles n'étaient pas des coutumes métisses. Les aînés dev raient corriger discrètement ces idées fausses.Parmi les exemples de traditions Premières Nations n'étant pas métisses, on dénombre l'encensement (smudging), le tambour, la psalmodie, les pow wow et l'utilisation de langues autres que le michif6En raison de l'absence de langues écrites, des pratiques historiques Premières Nations furent transmises par le biais de la communication orale. La tradition américaine autochtone de fabrication des capteurs de rêves a connu un regain qui s'est largement répandu pendant les mouvements de jeunesse des années 1960. Au nombre des folklores de cette période Nouvel Âge, on trouve la spiritualité et la mythologie des pierres et des cristaux. Les présentations qui sont effectuées par des artistes Premières Nations lo rs des rencontres métisses fournit aux Métis l'occasion de se plonger dans la culture, les symboles et les traditions de nos cousins indigènes, mais ils devraient être identifiés et connus comme tels.

Les Métis n'ont pas besoin de se reposer sur la tradition orale pour transmettre leur message dans les écoles et dans d'autres lieux car il existe une documentation exhaustive sur ce que sont les Métis, leur culture, leur patrimoine et leur histoire. Il y a un trésor d'objets fabriqués, historiques et courants, ainsi que des articles, qui éclairent la culture et la symbolique métisses. Citons la ceinture fléchée, le drapeau avec le signe de l'infini, la gigue, le violon traditionnel, la charrette de la rivière Rouge et les langues michif. On peut voir un grand nombre de ces symboles lors des expositions, que les aînés expliquent et discutent dans leurs exposés. La musique et la danse métisse pourraient être présentées en compl&eac ute;ment afin de montrer qui sont les Métis. L'artisanat métis, que les aînés pourraient mettre en valeur et enseigner, comprend la broderie, le travail du cuir, la fabrication de bijoux, les vêtements cousus main (tels que les chemises à rubans, les mocassins, les vestes et les caleçons longs).
De nombreuses sources traitent des Métis, qui durent mener des batailles militaires, législatives, politiques, sociales, économiques et constitutionnelles afin de survivre en tant que peuple distinct. Les aînés devraient transmettre la narration de ces événements mémorables, tout comme celle de la reconnaissance officielle récente des Métis : ils comprennent la bataille des Sept Chênes (Seven Oaks Battle), en 1816 ; la traite des fourrures ; la chasse aux bisons ; l'expédition de la rivière Rouge jusqu'au pays disputé de l'Oregon, en 1841; le procès Sayer, en 1849 ; la bataille de Grand Coteau (Dakota du Nord), en 18517 ;  la résistance de la rivière Rouge, dans les années 1869-1870 ; celle du Nord-Ouest, en 1885 ; la dispersion et la renaissance de la Nation métisse ; la reconnaissance des Métis, politique, constitutionnelle et juridique par la Cour Suprême.

En complément, on devrait mettre l'accent sur les vies des Métis célèbres :  Cuthbert Grant, Louis Riel, Gabriel Dumont, James Sinclair, Amelia Connolly Douglas, Joseph William McKay, la sénatrice Thelma Chalifoux8 et autres Métis peu communs.
Une attention particulière devrait être accordée aux aspects philosophiques des peuples métis. Dans son ouvrage, A Fair Country : Telling Truths About Canada9 (Mon Pays métis : quelques vérités sur le Canada), John Ralston Saul consacre une large part aux Métis. Ce livre exalte la générosité qui faisait partie intégrale de l'âme historique des Métis. Saul se réfère à l'esprit métis d'«inclusion». Bien des Métis ont eu tendance à négliger cette qualité exemplaire, qu'ils ont remplacée par une philosophie de l'«exclusion»10. Il est peut-être temps de revenir à cette philosophie inclusive, mitigée de respect mutuel.

Un autre aspect que les Métis doivent prendre en compte, c'est le respect dû à leurs aînés. Le respect n'est pas spécifique aux peuples autochtones du Canada. On le trouve dans une variété de pays dans le monde. Pour être vraiment efficace, ce genre de relation doit fonctionner dans les deux sens : les aînés métis devraient gagner l'estime et le respect des générations plus jeunes en affichant leur enthousiasme et la fierté de leur ethnicité métisse. Ils ne devraient jamais avoir recours à une approche du genre «pauvre moi» quand ils véhiculent leurs messages. Les aînés devraient porter leurs responsabilités d'une façon optimiste.
En acquérant des informations précises et factuelles sur les Métis, les aînés pourront mettre en valeur ce peuple indigène unique ainsi que leur histoire, leur patrimoine et leur culture distinctifs. Ils pourront également insister auprès des Canadiens en général sur les apports fabuleux de Louis Riel et de nombreux Métis à l'histoire de leur pays. Le rôle des aînés métis permettra aux Métis plus jeunes de connaître leur identité et de défendre, d'honorer et de célébrer les coutumes, la culture et le legs de leurs remarquables ancêtres métis. Un aîné digne de ce nom les rendra fiers de qui ils sont et d'où ils viennent.
Fiers d'être  Métis ! Longue vie aux Métis !


NOTES
1. George Goulet (1933-). Historien, avocat et conférencier métis canadien-anglais. Originaire de Saint-Boniface (Manitoba), il est actuellement consultant pour la Fédération des Métis de Colombie-Britannique (British Columbia Metis Federation). En 2012, il participa notamment, avec sa femme Terry, au comité sénatorial chargé de statuer sur la reconnaissance juridique et politique de l’identité métisse au Canada. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages (non disponibles en français) : The Trial of Louis Riel – Justice and Mercy Denied (Le Procès de Louis Riel, Le refus de la justice et de la clémence, 1999), The Metis - Memorable Events and Memorable Personalities (Les Métis - Événements et personnalités mémorables, 2006), Louis Hébert and Marie Rollet, Canada’s First Pioneers (Louis Hébert et Marie Rollet, premiers pionniers du Canada, 2007), The Metis in British Columbia: From Fur Trade Outposts to Colony (Les Métis en Colombie-Britannique : des premiers avant-postes de la traite des fourrures jusqu’à la colonie, 2008).

Terry Goulet (née Boyer de la Giroday, 1934-). Historienne, administratrice juridique et conférencière canadienne-anglaise. Originaire de Calgary (Alberta), elle est actuellement consultante pour la Fédération des Métis de Colombie-Britannique (British Columbia Metis Federation). Elle collabora aux ouvrages de ce son mari, l’historien et avocat George Goulet (voir ci-dessus), et effectua de nombreuses communications sur Louis Riel et sur les Métis à travers le Canada. En 2012, elle siégea également avec lui sur le comité sénatorial chargé de statuer sur la reconnaissance juridique et politique de l’identité métisse au Canada.

2. Le Manitoba fit son entrée dans la Confédération en 1870, la Saskatchewan et l'Alberta, en 1905.

3. L'Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNSJM), dont le siège social est à Saint-Vital,  a pour vocation de conserver et de promouvoir l'histoire, la culture, les coutumes et les traditions des Métis canadiens-français. Elle est en fait une résurgence de L’Union métisse Saint-Joseph, que Louis Riel avait fondée le 24 septembre 1884 à Batoche, en Saskatchewan, mais qui n’eut qu’une brève existence. Voir entre autres Louis Riel : Journaux de guerre et de prison (présentation, notes et chronologie métisse 1604-2006 par Ismène Toussaint), Montréal, Éditions Stanké/Quebecor Média, 2005.
Joseph Riel (1857-1921). Agriculteur et patriote métis canadien-français. Né à Saint-Boniface (colonie de la rivière Rouge, futur Manitoba), il se montra toujours dévoué envers son frère Louis Riel et prit soin de la famille de ce dernier après son exécution, le 16 novembre 1885. En 1887, il fonda l'Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba - une reprise de l'Union métisse Saint-Joseph que le chef métis avait fondée le 24 septembre 1884 à Batoche, en Saskatchewan - et s'y révéla très actif. 

Pierre Delorme (ou de l'Orme ; 1832-1912). Commerçant de fourrures, agriculteur et homme politique métis canadien-français. Originaire de Saint-Boniface (colonie de la rivière Rouge, futur Manitoba), il fut l'un des membres du gouvernement provisoire établi par Louis Riel en 1870 et contribua à la capture des éléments orangistes qui avaient fomenté un coup d'état contre cette autorité. Élu député conservateur à la Chambre des Communes (1871-1872) et à l'Assemblée législative du Manitoba (1870-1874 ; 1878-1879), il soutint activement le chef métis lors de ses propres candidatures à la députation en 1872, 1873 et 1874.  Il devint également Commissaire aux grains au Conseil des Territoires du Nord-Oues t (1873-1875), puis ministre de l'agriculture et président du Conseil exécutif du Manitoba en 1878. Parallèlement, il milita en faveur de l'octroi d'une amnistie à Louis Riel et aux Métis, des droits territoriaux de ces derniers, et de la réhabilitation du leader métis après son exécution, en 1885.  

5. La Manitoba Metis Federation (MMF, Fédération des Métis du Manitoba) fut fondée en 1967. Dans l'Ouest des années 1960, virent également le jour  The Ontario Metis and non status Indians Association (l'Association des Métis et des Indiens non-inscrits de l'Ontario) et   The Louis Riel Association of British Columbia Metis (l'Association Louis-Riel des Métis de la Colombie-Britannique).Cependant, dès les années 1930, on avait assisté à la naissance de The Alberta Metis Association (l'Association des Métis de l'Alberta) et de The Saskatchewan Metis Association (l'Association des Métis de la Saskatchewan). Au Québec, les Métis et les Indiens non-inscrits sont représentés depuis 1984 par l' Alliance Autochtone du Québec (AAQ, anciennement Association laurentienne des Métis et des Indiens sans statut). Il existe également plusieurs communautés métisses indépendantes de cet organisme, les unes, historiques, les autres, plus récentes et dont l'identité et l'historicité sont plus contestables. Voir les ouvrages de Russel Bouchard, publiés aux Éditions Chik8timitch, à Chicoutimi.

6. Ces pratiques sont particulièrement répandues au Québec, où les Métis sont toujours fortement influencés par la culture des Premières Nations, leurs ancêtres ayant été contraints d'entrer dans des réserves, dans les années 1850,  et ayant vécu « méprisés sous le costume indien » - pour reprendre une expression de Louis Riel. Les descendants des Métis qui avaient échappé à ces ghettos pour vivre cachés dans les bois, les montagnes ou les villes, ne sont apparus à la lumière que dans la dernière décennie, encouragés par l'arrêt Powley de 2003 - qui leur offrait théoriquement la possibilité de se faire officiellement reconnaître - et par divers organismes et mouvements. L 'année 2005 marqua leur grand réveil (voir dans l'espace central de ce site les Dossiers « Union métisse Est-Ouest 2005-2011 », et « Jean Jolicœur », en haut à gauche) mais confrontés à une foule de contraintes généalogiques, juridiques, administratives, financières, etc., ils n'ont toujours pas été reconnus par les gouvernements provincial et fédéral. On pourra également se référer de manière fiable et utile aux ouvrages de Russel Bouchard, publiés aux Éditions Chik8timitch, à Chicoutimi, ainsi qu'au site web « La Nation Autochtone du Québec ». 

7. Le 19 juin 1816, dans la colonie de la rivière Rouge (futur Manitoba), un affrontement se déroula au lieu-dit Les Sept-Chênes (ou la Grenouillère) entre les colons écossais du gouverneur Robert Semple et un groupe d’Autochtones menés par le chef métis Cuthbert Grant, qui s'opposait au monopole de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH) sur la traite des fourrures. Ces derniers remportèrent la victoire et Cuthbert Grant proclama la naissance de la Nation politique métisse.
En 1841, afin de limiter le commerce indépendant des fourrures  qui menaçait son monopole, la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH) organisa l'émigration d'une vingtaine de familles métisses de la colonie de la rivière Rouge (futur Manitoba) dans la région du fleuve Columbia, au sud des montagnes Rocheuses. Elle espérait par la même occasion donner un poids économique à la Grande-Bretagne sur le territoire de l'Oregon, qui faisait alors l'objet d'un litige avec les États-Unis.
Le 17 mai 1849, au fort Garry (colonie de la rivière Rouge), eut lieu le procès de Guillaume Sayer, un marchand de fourrures métis qui avait été accusé par la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH) de trafic de fourrures illicite avec les Américains. Accompagnés d’une centaine d'hommes en armes, plusieurs chefs métis, dont Jean-Louis Riel (ou Louis Riel père), se rendirent au siège de l'entreprise et rétablirent la liberté de commerce.
Les 13 et 14 avril 1851, une bataille éclata à Grand Coteau (Yankton, Dakota du Nord), au cours de laquelle trois-cent Métis défirent les Sioux qui refusaient de partager leur territoire de chasse aux bisons. Gabriel Dumont, futur meneur de la résistance métisse en Saskatchewan (1885), participa à cette échauffourée alors qu'il n'avait que 14 ans. 

8. Cuthbert Grant (1793-1854). Commerçant de fourrures, entrepreneur, homme de loi et chef métis canadien-écossais. Le 19 juin 1816, appuyé par un groupe d'Autochtones, il remporta la bataille des Sept Chênes (ou de la Grenouillère, colonie de la rivière Rouge) qui l'opposait aux hommes de Robert Semple, gouverneur écossais de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH), laquelle prétendait exercer un contrôle absolu sur le commerce des fourrures. Il est le père fondateur de la Nation politique métisse.

Gabriel Dumont (1837-1906). Capitaine de la chasse aux bisons, agriculteur,  homme politique etchef métis canadien-français. Bras droit de Louis Riel, il mena la résistance des Métis contre l'armée brittanico-canadienne en Saskatchewan, lors de plusieurs mémorables batailles. Après la défaite de Batoche (12 mai 1885) et l'exécution de Louis Riel, le 16 novembre suivant, il s'employa à réhabiliter ce dernier à travers le Canada.

James Sinclair (1811-1956). Commerçant de fourrures, homme d'affaires et explorateur métis canadien-anglais. En tant que marchand indépendant, il fut le premier à promouvoir la traite des fourrures entre la colonie de la rivière Rouge (futur Manitoba) et les centres américains, afin de contrer le monopole de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH). En 1841, il fut également le premier à conduire des commerçants métis par le sud des Rocheuses jusque dans la région du fleuve Columbia (Oregon). En 1849, il joua un rôle important dans le dénouement positif du procès du marchand métis Guillaume Sayer, qui avait été accusé par la CBH de contrebande de fourrures avec les Américains. Paradoxalement, il devint fonctionnaire de cette entreprise vers la fin de sa vie, afin de pouvoir explorer de nouvelles avenues économiques.

Amelia Connolly Douglas  (1812-1890). Pionnière métisse de la traite des fourrures et mère fondatrice de la Colombie-Britannique. Fille et femme de commerçants, elle joua un rôle important auprès de son mari, James Douglas, chef de poste de traite puis gouverneur de l'Île de Vancouver (future région de la Colombie-Britannique), en devenant sa conseillère dans le domaine des traditions et les politiques autochtones. Elle le sauva également des mains de la tribu des Carriers, qui l'avait fait prisonnier, en lui offrant des ballots de fourrures et de provisions afin de racheter son honneur. Tout au long de sa vie, elle s'efforça de faire connaître sa culture métisse au plus grand nombre, malgré sa méconnaissance de l'anglais.

Joseph William McKay  (1829-1900). Commerçant de fourrures, explorateur, industriel et homme politique métis canadien-anglais. Il joua un rôle considérable dans la colonisation et le développement économique de l'Île de Vancouver (future région de la Colombie-Britannique), en y exploitant des commerces, des mines, des conserveries de saumon, des concessions forestières, etc., et en y ouvrant maints services. Devenu député de la première Chambre d'Assemblée de l'Île, en 1857, puis fonctionnaire au ministère des Affaires indiennes, en 1881, il encouragea les Indiens à se faire éleveurs et céréaliers, tout en protégeant leurs terres de l'avidité des colons blancs et de la compagnie ferroviaire Canadian  Pacific (Pacifique canadien). 

Thelma Chalifoux (1929-). Enseignante et femme politique métisse canadienne-anglaise. Elle fut la première femme métisse et plus généralement autochtone à entrer au Sénat, en 1997, comme membre du Parti libéral du Canada. À sa retraite, en 2004, elle fonda l'Institut michif de Saint-Albert, en Saskatchewan, qui a pour mission de conserver et de promouvoir la connaissance de l'histoire des Métis canadiens-français de cette ville. 

9. Édité chez Penguin Canada en 2007 et publié l'année suivante en français aux Éditions du Boréal, à Montréal. Dans cet ouvrage, John Ralston Saul démontre que le Canada est une nation métisse ayant été fortement influencée par les valeurs autochtones : égalitarisme, équilibre entre l'individu et le groupe, propension à la négociation plutôt qu'à la violence. Il soutient également que les principaux obstacles au développement du Canada sont la présence d'une élite politique de plus en plus incompétente et inefficace, et d'un monde d'affaires inculte et colonialiste qui ne croient pas aux valeurs de leur propre pays. Par conséquent, il est indispensable de prendre en compte ce s aspects pour pouvoir repenser le futur du Canada.
 10. C'est le cas, notamment, du Metis National Council (Ralliement National des Metis) qui, pour des raisons essentiellement financières, ne reconnait que les nations métisses s'étendant de l'Ontario à la Colombie-Britannique et impose des critères identitaires draconiens, laissant sans statut une foule de Métis, même anglophones. Elle ne reconnaît en aucune manière les Métis du Québec et de l'Est du pays. Même l'Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba s'était heurtée à bien des difficultés, dans les annés 2000, avant d'obtenir des fonds de fonctionnement de la part du ministère du Patrimoine canadien. 





Aînés métis dans les Territoires du Nord-Ouest © nwtmetisnation.ca


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