PAR GEORGE ET TERRY GOULET1,
HISTORIENS (HIVER 2014)
George
et Terry Goulet © bcmetis.com
FÉDÉRATION DES MÉTIS DE COLOMBIE-BRITANNIQUE
(TRADUIT DE L'ANGLAIS ET ANNOTÉ PAR ISMÈNE TOUSSAINT)
Les Métis, avec leur double héritage ancestral
autochtone et européen, forment un peuple unique dans le monde. Ses événements
mémorables et ses nombreuses personnalités ont tous contribué d'une manière
significative à l'histoire du Canada. Les aînés métis peuvent jouer un rôle
important en alimentant et en diffusant la fabuleuse histoire des Métis, de
leur culture distincte, de leurs coutumes et de leurs traditions, auprès de
leur propre famille, de leur communauté ou du grand public.
Habituellement,
on considère comme étant un aîné métis un homme ou une femme qui a dépassé les
55 ans. Toutefois, l'âge en lui-même ne fait pas systématiquement de lui ou
d'elle une personne informée avec précision. Par conséquent, il est essentiel
que les aînés qui entreprennent de transmettre l'histoire, le patrimoine, la
culture et les coutumes métis, aient des connaissances minutieuses dans ces
domaines. Pour être efficaces dans leur rôle, ils doivent avoir une bonne
compréhension la culture métisse, être engagés dans des activités métisses et
partager leurs expériences avec d'autres Métis.
L'histoire,
la culture et le patrimoine fascinants des Métis et de leurs symboles sont les
composants essentiels de leur identité. Tout en ayant hérité certains traits
culturels et autres des ethnies auxquelles appartenaient leurs ancêtres, les
Métis ont développé leurs propres caractéristiques en tant que peuple : ils ne
sont pas des Premières Nations et ils ne sont pas des Européens ; ils sont le
résultat particulier de ce mélange ancestral et ont leur propre identité
collective indigène.
Il a
fallu un certain nombre de générations pour que les enfants de la traite des
fourrures évoluent en une Nation métisse ayant ses propres traditions, symboles
et valeurs. La forte prise de position des Métis en faveur du respect des
droits humains de base, durant les résistances de la rivière Rouge (1869-1870)
et du Nord-Ouest (1885), a mené collectivement à une démocratie représentative
dans l'Ouest, ainsi qu'à l'entrée du Manitoba, de la Saskatchewan et de
l'Alberta dans la Confédération2.
L'exécution
injuste du grand leader métis Louis Riel fut l'un des facteurs qui
aboutit à la dispersion des Métis après leur défaite à la bataille de Batoche
en 1885. Durant la période sombre qui suivit ces événements historiques,
quelques petits groupes de Métis, dans diverses communautés, et un organisme de
langue française et michif à Saint-Boniface (Manitoba) conservèrent vivantes
l'histoire et la culture du peuple métis. Ce dernier, l'Union nationale métisse
Saint-Joseph du Manitoba, fut formé en 1887, il y a 125 ans, et continue de
s'épanouir aujourd'hui3. Parmi ses quinze fondateurs, on
compta Joseph Riel, le frère de Loui s Riel, et Pierre Delorme4,
l'arrière-grand-père de George Goulet.
La crainte
d'être discriminés conduisit de nombreux Métis à cacher leur identité durant de
longues années. Beaucoup d'entre eux furent assimilés dans des communautés
blanches ou Premières Nations. Jusque dans les années 1960 environ, il n'y eut
pas de mouvements de langue anglaise suffisamment forts pour raviver l'histoire
et relever l'estime de soi des Métis5. Le climat favorable à
une renaissance apparut en 1982, lorsque les Métis furent inclus dans la
section 35 de la Constitution du Canada, lors du rapatriement de cette
dernière, en tant que peuple ayant des « droits autochtones ». Par conséquent,
nombre de ceux qui avaient caché leur identité quittèrent les ténèbres pour
entrer dans la lumière de la reconnaissance de leurs véritables patrimoine et
ethnicité métis.
La
culture, les coutumes et les traditions des Métis sont uniques et
devraient être autant que possible présentées et
jouées sur scène selon un point de vue métis. Les coutumes et la culture
des Premières Nations et des Européens ne sont pas métisses. En certaines
occasions, des Métis ayant grandi sans connaître leur héritage ancestral ont
présenté des pratiques Premières Nations lors de rencontres métisses, sans
spécifier qu'elles n'étaient pas des coutumes métisses. Les aînés dev raient
corriger discrètement ces idées fausses.Parmi les exemples de traditions
Premières Nations n'étant pas métisses, on dénombre l'encensement (smudging),
le tambour, la psalmodie, les pow wow et l'utilisation de
langues autres que le michif6. En raison de l'absence de
langues écrites, des pratiques historiques Premières Nations furent transmises
par le biais de la communication orale. La tradition américaine autochtone de
fabrication des capteurs de rêves a connu un regain qui s'est largement répandu
pendant les mouvements de jeunesse des années 1960. Au nombre des folklores de
cette période Nouvel Âge, on trouve la spiritualité et la mythologie des
pierres et des cristaux. Les présentations qui sont effectuées par des artistes
Premières Nations lo rs des rencontres métisses fournit aux Métis l'occasion de
se plonger dans la culture, les symboles et les traditions de nos cousins
indigènes, mais ils devraient être identifiés et connus comme tels.
Les
Métis n'ont pas besoin de se reposer sur la tradition orale pour transmettre
leur message dans les écoles et dans d'autres lieux car il existe une
documentation exhaustive sur ce que sont les Métis, leur culture, leur
patrimoine et leur histoire. Il y a un trésor d'objets fabriqués, historiques
et courants, ainsi que des articles, qui éclairent la culture et la symbolique
métisses. Citons la ceinture fléchée, le drapeau avec le signe de l'infini, la
gigue, le violon traditionnel, la charrette de la rivière Rouge et les langues
michif. On peut voir un grand nombre de ces symboles lors des expositions, que
les aînés expliquent et discutent dans leurs exposés. La musique et la danse
métisse pourraient être présentées en compl&eac ute;ment afin de montrer
qui sont les Métis. L'artisanat métis, que les aînés pourraient mettre en valeur
et enseigner, comprend la broderie, le travail du cuir, la fabrication de
bijoux, les vêtements cousus main (tels que les chemises à rubans, les
mocassins, les vestes et les caleçons longs).
De
nombreuses sources traitent des Métis, qui durent mener des batailles
militaires, législatives, politiques, sociales, économiques et
constitutionnelles afin de survivre en tant que peuple distinct. Les aînés
devraient transmettre la narration de ces événements mémorables, tout
comme celle de la reconnaissance officielle récente des Métis : ils comprennent
la bataille des Sept Chênes (Seven Oaks Battle), en 1816 ; la traite des
fourrures ; la chasse aux bisons ; l'expédition de la rivière Rouge jusqu'au
pays disputé de l'Oregon, en 1841; le procès Sayer, en 1849 ; la bataille de
Grand Coteau (Dakota du Nord), en 18517 ; la
résistance de la rivière Rouge, dans les années 1869-1870 ; celle du
Nord-Ouest, en 1885 ; la dispersion et la renaissance de la Nation métisse ; la
reconnaissance des Métis, politique, constitutionnelle et juridique par la Cour
Suprême.
En
complément, on devrait mettre l'accent sur les vies des Métis célèbres :
Cuthbert Grant, Louis Riel, Gabriel Dumont, James Sinclair, Amelia Connolly
Douglas, Joseph William McKay, la sénatrice Thelma Chalifoux8 et
autres Métis peu communs.
Une
attention particulière devrait être accordée aux aspects philosophiques des
peuples métis. Dans son ouvrage, A Fair Country : Telling Truths About
Canada9 (Mon Pays métis : quelques vérités sur le Canada),
John Ralston Saul consacre une large part aux Métis. Ce livre exalte la
générosité qui faisait partie intégrale de l'âme historique des Métis. Saul se
réfère à l'esprit métis d'«inclusion». Bien des Métis ont eu tendance à
négliger cette qualité exemplaire, qu'ils ont remplacée par une philosophie de
l'«exclusion»10. Il est peut-être temps de revenir à cette
philosophie inclusive, mitigée de respect mutuel.
Un
autre aspect que les Métis doivent prendre en compte, c'est le respect dû à
leurs aînés. Le respect n'est pas spécifique aux peuples autochtones du Canada.
On le trouve dans une variété de pays dans le monde. Pour être vraiment
efficace, ce genre de relation doit fonctionner dans les deux sens : les aînés
métis devraient gagner l'estime et le respect des générations plus jeunes en
affichant leur enthousiasme et la fierté de leur ethnicité métisse. Ils ne
devraient jamais avoir recours à une approche du genre «pauvre moi» quand ils
véhiculent leurs messages. Les aînés devraient porter leurs responsabilités
d'une façon optimiste.
En
acquérant des informations précises et factuelles sur les Métis, les aînés
pourront mettre en valeur ce peuple indigène unique ainsi que leur histoire,
leur patrimoine et leur culture distinctifs. Ils pourront également insister
auprès des Canadiens en général sur les apports fabuleux de Louis Riel et de
nombreux Métis à l'histoire de leur pays. Le rôle des aînés métis permettra aux
Métis plus jeunes de connaître leur identité et de défendre, d'honorer et de
célébrer les coutumes, la culture et le legs de leurs remarquables ancêtres
métis. Un aîné digne de ce nom les rendra fiers de qui ils sont et d'où ils
viennent.
Fiers
d'être Métis ! Longue vie aux Métis !
NOTES
1. George Goulet (1933-).
Historien, avocat et conférencier métis canadien-anglais. Originaire de
Saint-Boniface (Manitoba), il est actuellement consultant pour la Fédération
des Métis de Colombie-Britannique (British Columbia Metis Federation). En 2012,
il participa notamment, avec sa femme Terry, au comité sénatorial chargé de
statuer sur la reconnaissance juridique et politique de l’identité métisse au
Canada. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages (non disponibles en
français) : The Trial of Louis Riel – Justice and Mercy Denied (Le
Procès de Louis Riel, Le refus de la justice et de la clémence, 1999), The
Metis - Memorable Events and Memorable Personalities (Les Métis -
Événements et personnalités mémorables, 2006), Louis Hébert and Marie
Rollet, Canada’s First Pioneers (Louis Hébert et Marie Rollet,
premiers pionniers du Canada, 2007), The Metis in British Columbia:
From Fur Trade Outposts to Colony (Les Métis en Colombie-Britannique :
des premiers avant-postes de la traite des fourrures jusqu’à la colonie, 2008).
Terry Goulet (née Boyer de la Giroday, 1934-). Historienne,
administratrice juridique et conférencière canadienne-anglaise. Originaire de
Calgary (Alberta), elle est actuellement consultante pour la Fédération des
Métis de Colombie-Britannique (British Columbia Metis Federation). Elle
collabora aux ouvrages de ce son mari, l’historien et avocat George Goulet
(voir ci-dessus), et effectua de nombreuses communications sur Louis Riel et
sur les Métis à travers le Canada. En 2012, elle siégea également avec lui sur
le comité sénatorial chargé de statuer sur la reconnaissance juridique et
politique de l’identité métisse au Canada.
2. Le Manitoba fit son
entrée dans la Confédération en 1870, la Saskatchewan et l'Alberta, en 1905.
3. L'Union nationale
métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNSJM), dont le siège social est à
Saint-Vital, a pour vocation de conserver et de promouvoir l'histoire, la
culture, les coutumes et les traditions des Métis canadiens-français. Elle est
en fait une résurgence de L’Union métisse Saint-Joseph, que Louis Riel avait
fondée le 24 septembre 1884 à Batoche, en Saskatchewan, mais qui n’eut qu’une
brève existence. Voir entre autres Louis Riel : Journaux
de guerre et de prison (présentation, notes et chronologie métisse
1604-2006 par Ismène Toussaint), Montréal, Éditions Stanké/Quebecor Média,
2005.
Joseph Riel (1857-1921). Agriculteur et patriote métis
canadien-français. Né à Saint-Boniface (colonie de la rivière Rouge, futur
Manitoba), il se montra toujours dévoué envers son frère Louis Riel et prit
soin de la famille de ce dernier après son exécution, le 16 novembre 1885. En
1887, il fonda l'Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba - une reprise
de l'Union métisse Saint-Joseph que le chef métis avait fondée le 24
septembre 1884 à Batoche, en Saskatchewan - et s'y révéla très actif.
Pierre Delorme (ou de l'Orme ; 1832-1912). Commerçant de
fourrures, agriculteur et homme politique métis canadien-français. Originaire
de Saint-Boniface (colonie de la rivière Rouge, futur Manitoba), il fut l'un
des membres du gouvernement provisoire établi par Louis Riel en 1870 et
contribua à la capture des éléments orangistes qui avaient fomenté un coup
d'état contre cette autorité. Élu député conservateur à la Chambre des Communes
(1871-1872) et à l'Assemblée législative du Manitoba (1870-1874 ; 1878-1879),
il soutint activement le chef métis lors de ses propres candidatures à la
députation en 1872, 1873 et 1874. Il devint également Commissaire aux
grains au Conseil des Territoires du Nord-Oues t (1873-1875),
puis ministre de l'agriculture et président du Conseil exécutif du
Manitoba en 1878. Parallèlement, il milita en faveur de l'octroi d'une amnistie
à Louis Riel et aux Métis, des droits territoriaux de ces derniers, et de la
réhabilitation du leader métis après son exécution, en 1885.
5. La Manitoba Metis
Federation (MMF, Fédération des Métis du Manitoba) fut fondée en 1967. Dans
l'Ouest des années 1960, virent également le jour The Ontario Metis and
non status Indians Association (l'Association des Métis et des Indiens
non-inscrits de l'Ontario) et The Louis Riel Association
of British Columbia Metis (l'Association Louis-Riel des Métis de la
Colombie-Britannique).Cependant, dès les années 1930, on avait assisté à la
naissance de The Alberta Metis Association (l'Association des Métis de
l'Alberta) et de The Saskatchewan
Metis Association (l'Association des Métis de la Saskatchewan). Au
Québec, les Métis et les Indiens non-inscrits sont représentés depuis 1984 par
l' Alliance Autochtone du Québec (AAQ, anciennement Association laurentienne
des Métis et des Indiens sans statut). Il existe également plusieurs
communautés métisses indépendantes de cet organisme, les unes, historiques, les
autres, plus récentes et dont l'identité et l'historicité sont plus
contestables. Voir les ouvrages de Russel Bouchard, publiés aux Éditions
Chik8timitch, à Chicoutimi.
6. Ces pratiques sont
particulièrement répandues au Québec, où les Métis sont toujours fortement
influencés par la culture des Premières Nations, leurs ancêtres ayant été
contraints d'entrer dans des réserves, dans les années 1850, et ayant
vécu « méprisés sous le costume indien » - pour reprendre une expression de
Louis Riel. Les descendants des Métis qui avaient échappé à ces ghettos pour
vivre cachés dans les bois, les montagnes ou les villes, ne sont apparus à la
lumière que dans la dernière décennie, encouragés par l'arrêt Powley de 2003 -
qui leur offrait théoriquement la possibilité de se faire officiellement
reconnaître - et par divers organismes et mouvements. L 'année 2005 marqua leur
grand réveil (voir dans l'espace central de ce site les Dossiers « Union
métisse Est-Ouest 2005-2011 », et « Jean Jolicœur », en haut à gauche) mais
confrontés à une foule de contraintes généalogiques, juridiques,
administratives, financières, etc., ils n'ont toujours pas été reconnus par les
gouvernements provincial et fédéral. On pourra également se référer de manière
fiable et utile aux ouvrages de Russel Bouchard, publiés aux Éditions
Chik8timitch, à Chicoutimi, ainsi qu'au site web « La Nation Autochtone du
Québec ».
7. Le 19 juin 1816, dans
la colonie de la rivière Rouge (futur Manitoba), un affrontement se
déroula au lieu-dit Les Sept-Chênes (ou la Grenouillère)
entre les colons écossais du gouverneur Robert Semple et un groupe
d’Autochtones menés par le chef métis Cuthbert Grant, qui s'opposait au
monopole de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH) sur la traite des
fourrures. Ces derniers remportèrent la victoire et Cuthbert Grant
proclama la naissance de la Nation politique métisse.
En 1841, afin de limiter
le commerce indépendant des fourrures qui menaçait son monopole, la
Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH) organisa l'émigration d'une vingtaine de
familles métisses de la colonie de la rivière Rouge (futur
Manitoba) dans la région du fleuve Columbia, au sud des montagnes
Rocheuses. Elle espérait par la même occasion donner un poids économique à la
Grande-Bretagne sur le territoire de l'Oregon, qui faisait alors l'objet
d'un litige avec les États-Unis.
Le 17 mai 1849, au fort
Garry (colonie de la rivière Rouge), eut lieu le procès de Guillaume
Sayer, un marchand de fourrures métis qui avait été accusé par la Compagnie
de la Baie d'Hudson (CBH) de trafic de fourrures illicite avec les
Américains. Accompagnés d’une centaine d'hommes en armes, plusieurs chefs
métis, dont Jean-Louis Riel (ou Louis Riel père), se rendirent au siège de
l'entreprise et rétablirent la liberté de commerce.
Les 13 et 14 avril 1851,
une bataille éclata à Grand Coteau (Yankton, Dakota du Nord),
au cours de laquelle trois-cent Métis défirent les Sioux qui refusaient de
partager leur territoire de chasse aux bisons. Gabriel Dumont, futur
meneur de la résistance métisse en Saskatchewan (1885), participa à cette
échauffourée alors qu'il n'avait que 14 ans.
8. Cuthbert
Grant (1793-1854). Commerçant de fourrures, entrepreneur, homme de loi
et chef métis canadien-écossais. Le 19 juin 1816, appuyé par un
groupe d'Autochtones, il remporta la bataille des Sept Chênes (ou de la
Grenouillère, colonie de la rivière Rouge) qui l'opposait aux hommes de Robert
Semple, gouverneur écossais de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH), laquelle
prétendait exercer un contrôle absolu sur le commerce des fourrures. Il est le
père fondateur de la Nation politique métisse.
Gabriel Dumont (1837-1906). Capitaine de la chasse aux
bisons, agriculteur, homme politique etchef
métis canadien-français. Bras droit de Louis Riel, il mena la
résistance des Métis contre l'armée brittanico-canadienne en Saskatchewan, lors
de plusieurs mémorables batailles. Après la défaite de Batoche (12 mai 1885) et
l'exécution de Louis Riel, le 16 novembre suivant, il s'employa à réhabiliter
ce dernier à travers le Canada.
James Sinclair (1811-1956). Commerçant de fourrures, homme
d'affaires et explorateur métis canadien-anglais. En tant que marchand
indépendant, il fut le premier à promouvoir la traite des fourrures entre la
colonie de la rivière Rouge (futur Manitoba) et les centres américains, afin de
contrer le monopole de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH). En 1841, il fut
également le premier à conduire des commerçants métis par le sud des Rocheuses
jusque dans la région du fleuve Columbia (Oregon). En 1849, il joua un rôle
important dans le dénouement positif du procès du marchand métis Guillaume
Sayer, qui avait été accusé par la CBH de contrebande de fourrures avec les
Américains. Paradoxalement, il devint fonctionnaire de cette entreprise vers la
fin de sa vie, afin de pouvoir explorer de nouvelles avenues économiques.
Amelia Connolly Douglas (1812-1890). Pionnière métisse de la traite des fourrures et mère fondatrice de la Colombie-Britannique. Fille et femme de commerçants, elle joua un rôle important auprès de son mari, James Douglas, chef de poste de traite puis gouverneur de l'Île de Vancouver (future région de la Colombie-Britannique), en devenant sa conseillère dans le domaine des traditions et les politiques autochtones. Elle le sauva également des mains de la tribu des Carriers, qui l'avait fait prisonnier, en lui offrant des ballots de fourrures et de provisions afin de racheter son honneur. Tout au long de sa vie, elle s'efforça de faire connaître sa culture métisse au plus grand nombre, malgré sa méconnaissance de l'anglais.
Amelia Connolly Douglas (1812-1890). Pionnière métisse de la traite des fourrures et mère fondatrice de la Colombie-Britannique. Fille et femme de commerçants, elle joua un rôle important auprès de son mari, James Douglas, chef de poste de traite puis gouverneur de l'Île de Vancouver (future région de la Colombie-Britannique), en devenant sa conseillère dans le domaine des traditions et les politiques autochtones. Elle le sauva également des mains de la tribu des Carriers, qui l'avait fait prisonnier, en lui offrant des ballots de fourrures et de provisions afin de racheter son honneur. Tout au long de sa vie, elle s'efforça de faire connaître sa culture métisse au plus grand nombre, malgré sa méconnaissance de l'anglais.
Joseph William McKay (1829-1900). Commerçant de fourrures,
explorateur, industriel et homme politique métis canadien-anglais. Il joua un
rôle considérable dans la colonisation et le développement économique de l'Île
de Vancouver (future région de la Colombie-Britannique), en y exploitant des
commerces, des mines, des conserveries de saumon, des concessions forestières,
etc., et en y ouvrant maints services. Devenu député de la première Chambre
d'Assemblée de l'Île, en 1857, puis fonctionnaire au ministère des Affaires
indiennes, en 1881, il encouragea les Indiens à se faire éleveurs et céréaliers,
tout en protégeant leurs terres de l'avidité des colons blancs et de la
compagnie ferroviaire Canadian Pacific (Pacifique
canadien).
Thelma Chalifoux (1929-). Enseignante et femme politique
métisse canadienne-anglaise. Elle fut la première femme métisse et plus
généralement autochtone à entrer au Sénat, en 1997, comme membre du Parti
libéral du Canada. À sa retraite, en 2004, elle fonda l'Institut michif de
Saint-Albert, en Saskatchewan, qui a pour mission de conserver et de promouvoir
la connaissance de l'histoire des Métis canadiens-français de cette
ville.
9. Édité chez
Penguin Canada en 2007 et publié l'année suivante en français aux Éditions du
Boréal, à Montréal. Dans cet ouvrage, John Ralston Saul démontre que le Canada
est une nation métisse ayant été fortement influencée par les valeurs
autochtones : égalitarisme, équilibre entre l'individu et le groupe, propension
à la négociation plutôt qu'à la violence. Il soutient également que les
principaux obstacles au développement du Canada sont la présence d'une élite
politique de plus en plus incompétente et inefficace, et d'un monde d'affaires
inculte et colonialiste qui ne croient pas aux valeurs de leur propre
pays. Par conséquent, il est indispensable de prendre en compte ce s
aspects pour pouvoir repenser le futur du Canada.
10. C'est le cas,
notamment, du Metis National Council (Ralliement National des Metis) qui,
pour des raisons essentiellement financières, ne reconnait que les nations
métisses s'étendant de l'Ontario à la Colombie-Britannique et impose des
critères identitaires draconiens, laissant sans statut une foule de
Métis, même anglophones. Elle ne reconnaît en aucune manière les Métis du
Québec et de l'Est du pays. Même l'Union nationale métisse Saint-Joseph du
Manitoba s'était heurtée à bien des difficultés, dans les annés 2000, avant
d'obtenir des fonds de fonctionnement de la part du ministère du Patrimoine
canadien.
Aînés métis dans les Territoires du Nord-Ouest © nwtmetisnation.ca
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